Les familles qui ont marqué La Madrague de Gignac

Les Calanquais racontent

C’est vers le XIVe siècle que l’on trouve les premières traces officielles du hameau d’Ensuès. Il apparaît dans les textes, lors du rattachement de la Provence au Royaume de France. Il était alors peuplé par des bergers venant de la vallée de l’Ubaye, conséquence directe de la transhumance. Ils s’établissent à la croisée des chemins qui mènent des rives de l’étang de Berre à la mer. Pendant plus de quatre cents ans, les habitants du petit hameau vivent principalement du travail de la colline (coupe des pins, transport du bois), du travail des champs (culture de l'amandier, de l’olivier, des vignes), de l’élevage (chèvres, porcs), ainsi que du travail de la mer (pêche).

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Les calanquais s'installent à la Madrague
 

 

Au début du XXe siècle, les diligences arrivaient de Marseille et se rendaient à Carry en passant par le Rove et Ensuès. Ces diligences servaient avant tout à transporter le courrier et les quelques voyageurs qui tentaient l’aventure devaient être patients. Il fallait attendre le transfert du courrier et pendant ce temps les cochers cassaient la croûte.

Le village d'Ensuès la Redonne


La calanque de Méjean

1905 : le samedi soir, sur le vieux port de Marseille, les mordus de la pêche prenaient le « côtier ». C’était une « grosse » barque à moteur qui amenait une poignée de passagers à Méjean et à la Redonne. La pêche était abondante, la journée était chaude et les cigales chantaient. Le dimanche soir le retour était mouvementé, surtout quand la mer était mauvaise! Monsieur ALLEGRE et Madame CHABERT faisaient partie du voyage.

1908 : la construction de la voie de chemin de fer Port-de-Bouc - l’Estaque commence. Elle sera ouverte le 15 octobre 1915.



Les tranchées de la grande guerre.

1914 - 1918 : la grande guerre. Dans les tranchées, Honoré ALLEGRE rêvait de sites splendides, de la mer et des rochers qu’il fréquentait jadis. CHABERT, son beau-frère est mort aux champs d’honneur.

 

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1923 : les ALLEGRE achètent une parcelle de terrain dans la calanque de la Madrague de Gignac. De là, ils pouvaient voir leur bateau. Les terrassements commencent et la brouette était l’outil le plus précieux pour transporter les pierres. Des tombereaux de pierres arrivaient de la carrière de Ste Marthe. Les sacs de ciment, commandés à l’Estaque (Lafarge), arrivaient à la gare de la Redonne, par le train. De là, la brouette continuait son office! Le sable était récupéré au bord de mer et l’eau douce provenait d’un puits de la calanque Dupuy. Le transport de l’eau s’effectuait parfois avec un âne, tirant une charrette. Il fallait prévoir des citernes volumineuses, alimentées par les terrasses. Cette eau de pluie servait à la vaisselle, au lavage et à l’arrosage. L’eau potable, stockée sur les toitures, était fournie, en temps de sécheresse, par des bateaux-pompe qui alimentaient les calanquais. A cette époque, les bateaux étaient peu nombreux dans la calanque. Seul quatre à cinq bettes à fond plat étaient mouillées dans le port. Parmi eux, la « Julia ».

La Madrague de Gignac


Les Allemands à Marseille

1944 : les soldats allemands se servaient de la « Julia » pour pêcher à la grenade.Toute la côte était fortifiée : blockhaus, projecteurs anti-avions. Il était interdit de monter sur un bateau. Certaines routes étaient barrées, avec des sentinelles qui contrôlaient les laissez-passer. Les alliés bombardaient la voie ferrée qui était coupée. C’est à pied, depuis l’Estaque, qu’ALLEGRE venait dans son cabanon. Monsieur CHIAPPE, un des plus anciens de la calanque, tenait un bar-restaurant et, avec sa viole, il faisait danser les jeunes, dont je faisais partie. « Toni » le pêcheur devait épouser sa fille.
Les trois frères BOYER,  le lyonnais, Marius et  Boulette, habitaient « la guitare et la mer ».  
 

ARNAUX, dont le mulet était remisé près du cabanon, livrait l’eau potable à la demande. Il logeait dans une baraque démontable de l’armée américaine depuis 1920. Il vivait comme Robinson Crusoé, de chasse et de pêche. A la tête de son lit il y avait un râtelier de fusils, en face, des cannes à pêche et des viviers. Dehors, il y avait un étal en bois épais, pour débiter le poisson. Gibier? Poisson? Le menu dépendait du caprice du temps.

COMPANIER vivait de pêche et habitait un cabanon chez les BOYER. En hiver, il faisait partie des chœurs de l’opéra de Marseille et dormait sous la scène. Il a eu une triste fin de vie. Quand j’étais petit, les anciens nous racontaient plein d’anecdotes. Par exemple, on racontait que des bateaux venant d’Espagne avec des oranges, faisaient une halte rapide aux eaux salées où des ballots de soie étaient débarqués et emmenés clandestinement à dos de mulet.

Théo ATTANASIO

 

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