La ligne de chemin de fer l'Estaque - Miramas

Ouverture de la ligne

Cette ouverture eut des conséquences économiques et sociales énormes sur la région, désenclavant subitement une zone difficile d'accès, jusqu'alors desservie uniquement par une vieille route côtière. Les Marseillais atteignaient soudain plus facilement les cabanons et les guinguettes de la côte. Les commerces et les services se multiplièrent dont des restaurants vite très réputés comme celui niché au creux de la calanque de La Redonne. De nouveaux métiers apparurent comme celui de gardiens (de plage ou de maison) et Carry compta bientôt un docteur !

Mais ce côté pile, bénéfique, a aussi son revers. La soudaine urbanisation non contrôlée d'une côte sauvage en est un. La disparition du bateau à vapeur, le "Nouveau côtier" en est un autre. Ce navire partait chaque jour du Quai St Anne, au Vieux Port, pour le Cap Couronne en faisant plusieurs escales.

Mais cette construction d'une ligne littorale rentre aussi dans le cadre du développement de l'espace économique Marseillais qui lorgnait depuis plusieurs années vers les espaces libres de l'Etang de Berre et, par extension, vers le débit commercial du Rhône. "La non-utilisation de l'Etang de Berre est un scandale économique" disait Jean Charles-Roux en 1893, "Il ne prendra fin que quand la cité sera rapprochée du Rhône." La préoccupation rhodienne de Marseille est reconnue et l'existence de cette ligne ferroviaire qui passe par Port-de-Bouc et Caronte ne peut que l'intéresser, même si le bras de fer avec le P.L.M est patent.

Le plus gros bras de fer entre la Chambre de Commerce de Marseille et le P.L.M. a lieu en 1913. A ce moment là, la ligne côtière est en construction, presque achevée même, et son concurrent direct, pour le fret, a dépassé le cadre du projet avec la réalisation du Tunnel maritime du Rove, premier élément du canal maritime de Marseille au Rhône.

Le P.L.M, jouant sur sa nouvelle ligne et son passage à Caronte, envisage d'y transférer ses dépôts de charbons dès 1913. La Compagnie est en position de force puisqu'elle est la seule à assurer la desserte de Marseille, utilisant les installations portuaires pour importer les 500000 tonnes de charbons anglais dont elle a besoin annuellement.

Un compromis est trouvé après une longue bataille politique. Une loi annexe en 1919 Caronte et l'Etang de Berre au domaine portuaire de Marseille permettant ainsi au P.L.M. de s'installer à Caronte, rentabilisant de fait la nouvelle ligne, et à la Chambre de Commerce de Marseille de toucher les droits et taxes inhérentes à ces importations.

Depuis, cette ligne est devenue à vocation touristique, et transporte les passagers dans un cadre enchanteur. Le pari technique des ingénieurs du P.L.M. était réussi.

 

La ligne en quelques chiffres :

Longueur totale
(Miramas - l'Estaque) :
Pourcentage de longueur en courbe :
Maximum de déclivité :
Profil en longueur :


Nombre de Grands Ouvrages d'art :


Ouvrages d'art de moindres importances :
Prix de revient :


61 Kilomètres
44 %
5 millimètres par mètre
25 paliers pour 11,5 km
(19 % du trajet)
52 déclivités pour 49,5 km (81 %)
48 - 4 ponts métalliques- 18 viaducs-23 tunnels- 3 galeries souterraines

235
1.350.000 francs or au kilomètre
(5.500.000 francs actuels au kilomètre)

 

Les ouvrages d'art sur la commune d'Ensuès-la Redonne :

 

Tunnel de Méjean :

Viaduc de Méjean :

Viaduc de Mauvallon :
Tunnel des Figuières :
Tunnel des Anthénors :
Gare de la Redonne :
Viaduc des Eaux Salées :

Tunnel Matheron :

488 mètres dans du calcaire compact
5 arches de 15 mètres (122,50 mètres)
6 arches (154,50 mètres)



1 arche de 50 mètres et 10 arches de 4,90 mètres(115 mètres)
87 mètres dans du calcaire vif et des marnes noires.

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